Les prisonniers de guerre allemands

En ce 3 octobre, correspondant à la Journée de l’Unité allemande qui commémore la réunification du pays en 1990, le Bois du Cazier rend hommage aux cinq ressortissants allemands victimes de la catastrophe du 8 août 1956.

Il s’agit d’Aloïs Biena (33 ans – marié), de Willi Grüss (32 ans – célibataire), de Reinhold Heller (32 ans – célibataire), de Joseph Koller (35 ans – marié) et de Hans Müller (31 ans – célibataire).

Privés de liberté au moment même où s’achevait un conflit long et pénible, préoccupés par le destin de leurs familles, tourmentés par le désir de regagner leur pays, 60 000 Allemands furent ainsi cédés à la Belgique par le Commandement allié en mai 1945, au titre de « dommage de guerre ».

Ce pan de l’histoire consacré aux prisonniers allemands au Bois du Cazier fera l’objet d’une exposition en 2025.

Ces cinq Allemands étaient d’anciens prisonniers de guerre restés en Belgique après leur libération en 1947. Le fait que ces prisonniers aient participé, au même titre que les mineurs belges et italiens par la suite, à la Bataille du charbon lancée dès la fin de la Deuxième Guerre mondiale par le Gouvernement d’Union nationale d’Achille Van Acker est un épisode souvent ignoré de notre histoire.

Mis à la disposition de l’industrie charbonnière afin de retrouver le plus rapidement possible la production d’avant-guerre afin de relancer l’économie et relever le pays de ses ruines, ceux-ci étaient contraints à une activité pénible et dangereuse à laquelle beaucoup n’étaient pas préparés. La majorité d’entre eux était directement affectée aux travaux du fond, tandis qu’une minorité fut occupée à la production des bois nécessaires au soutènement des galeries et des chantiers. Ces prisonniers allemands avaient été respectivement répartis entre 38 camps de travail dont 32 étaient situés dans les bassins houillers, à proximité des sites de production, et 6 dans les Ardennes, à la lisière des forêts.

Grâce à cet apport en main-d’œuvre, la production totale de charbon, de janvier 1945 à janvier 1946, doubla pratiquement, passant de 1 033 767 à 1 936 803 tonnes. Deux tiers des 900 000 tonnes produites en plus, l’avaient été par ces prisonniers de guerre. Pendant l’année 1946, la production moyenne qui leur est imputable se situe entre 600 et 700 000 tonnes. À partir de mai 1947, elle décroît régulièrement en fonction des libérations successives, et devient nulle à la fin d’octobre.